poignard surprise

Bruissement dans la nuit noire
Son à la limite de l'audible
Elyannor se réveilla en sursaut. La veille, elle avait marché à n'en plus finir à travers les plateaux d'Astariul et s'était effondrée, épuisée, au pied d'un immense charme bleu. Elle avait dormi comme un loir, jusqu'à ce que...
La jeune fille se retourna tout doucement et étouffa un cri: A moins de 5 centimètres de sa joue était planté un imposant poignard au manche de cuir.
Vive comme l'éclair, avant même de réaliser ce qui lui arrivait, Elyannor se plaqua contre le tronc noueux de l'arbre et entreprit de mettre de l'ordre dans ses idées, ce qui équivalait à déméler un cheveu blond d'une motte de cheveux bruns tant ses pensées vagabondaient dans tous les sens.
"Quelqu'un" avait tenté de l'assassiner, "quelqu'un" avait lancé un poignard du haut de l'arbre, "quelqu'un"...
Elyannor se figea. "Du haut de l'arbre"? Elle scruta l'épais feuillage du charme de ses yeux sombres.
Rien.
Il n'y avait rien.
Ou plutôt, elle ne discernait rien à travers le foisonnement végétal qui la surplombait comme le toit d'une maison.
""Quelqu'un" marche bien sur le toit de la maison" se dit elle.

Pourtant, si "quelqu'un" il y avait, ce "quelqu'un" ne montrait signe de vie.
Le regard d'Elyannor porta alors sur le poignard. C'était une belle arme, à la lame éffilée et au tranchant mortel. Le manche était fait de cuir grainé de couleur sombre, usé par les combats. A la pointe du poignard...
Non, c'était impossible! Se racrochant à son dernier espoir, Elyannor avança d'un pas, puis d'un autre, sans cesser de scruter la voûte feuillue de l'arbre.
Enfin, elle arriva près de l'arme, s'en saisit, et...

Oui!

Elyannor étouffa a grand peine une exclamation de joie: on n'avait pas cherché à la tuer!!!
A la pointe du poignard était fixé un morceau de papier plié en 4, recouvert de quelques mots griffonnés dans une écriture illisible. La jeune fille le rangea soigneusement dans sa besace, se promettant de réussir un jour à le déchiffrer.
Puis, se demandant qui donc pouvait bien avoir un lancer aussi précis, elle fit face au feuillage bleu du charme et dit d'une voix claire:
"Qui est-tu?"

Elyannor se retourna brusquement. Elle détailla la jeune femme qui se tenait derrière elle.
Elle ne devait pas être beaucoup plus âgée qu'elle, un ou deux ans, tout au plus, mais il se dégageait d'elle une sorte d'aura d'harmonie, de souplesse, de sagesse et de... grâce...

Elle semblait vieille comme le monde dans son regard clair et intelligent tout en ayant la force et le physique d'un jeune fille de 20 ans...

"Qui est-tu?" répeta Elyannor.

- Qui ça, moi ? se moqua-t-elle, en faisant mine de chercher quelqu'un derrière elle, non, sérieusement, je m'appelle Akylia, et toi tu es Elyannor, c'est ça ?

Akylia observa attentivement la jeune fille qui se tenait face à elle. Elle n'avait rien d'une guerrière, elle était brune et devait avoir à peu près son âge, mais elle était à la fois si proche et si différente d'elle, qu'on nétait pas trop sur qu'elle avait si peu d'années d'écart.
Akylia revient à la réalité, pourquoi est-ce qu'elle la fixait comme ça, elle avait pouratnt rien de particulier !

Le visage d'Elyannor se ferma.
Le souvenir du rêve qui hantait toutes ses nuits depuis qu'elle avait quitté sa maison était bien trop présent.

"Tu te trompes. Je n'ai pas de nom." sa voix, froide comme le marbre, ne lui ressemblait pas du tout.

Elle ferma les yeux et l'image de trois corps baignant dans une mare de sang lui revint à l'esprit. Elle inspira un grand coups et se força à sourire.

"Pourquoi m'espionnais-tu?"

[ Sorry, sorry Madameuh, je corrige ^^ ]

Akylia fut surprise de la réaction de la jeune fille, elle avait l'air furieuse !

- Je t'espionnais pas, je te signale que c'est toi qui t'es installé au pied de l'arbre où tu t'es installée, et j'en ai eu marre de t'entendre dire un nom qui n'est donc pas le tien dans ton sommeil.

Akylia ramassa tranquillement son poignard et le rangea dans sa ceinture. Puis refit face à la jeune fille dont elle ne connaisait finalement rien.

Elyannor sourit. Akylia était visiblement véxée. Cepandant, Elyannor appréciait sa répartie et son sens de l'humour un peu particulier.

"Excuse moi, dit-elle, tu ne pouvais pas savoir... C'est une longue histoire, je n'aime pas trop l'aborder."

Elle ajouta, en désignant le poignard:

"Comment fais-tu pour avoir une telle précision de lancer? Tu ne m'as même pas effleurée!"

- Apparement, on a chacune nos secrets, et tu peux ajouter celui-ci ! Mais que fais-tu ici exactement, c'est dangereux pour quelqu'un qui c'est pas se battre, désolé si ça te vexe mais t'as vraiment pas l'air de pouvoir te défendre si un tigre t'attaque.

Akylia aimait pas cacher ses pensées, et même si sa vexait la jeune fille qui se tenait face à elle, elle s'en fichait complètement. Elle la fixa de nouveau, cherchant à déchiffrer son regard. Elle y parvint sans peine.

"Merci, ça fait plaisir!!!" fit Elyannor en prenant un air faussement indigné.

Il était vrai que son physique mince et frèle de jeune fille à peine adulte ne faisait guère penser à une guerrière. Pourtant, tout ce qu'elle avait appris dans la montagne de son enfance ressortait dans son regard sombre.

"Non, ajouta-t-elle, plus sèrieusement, je sais me défendre. Pour répondre à ta question, je ne fait rien ici, c'est bien là le problème. Ou plutôt, je ne sais pas ce que j'ai à faire dans ce monde. J'ai tout essayé: je suis incapable de dessiner autre chose qu'une flamme, je ne suis pas une as aux sports de combats, je..."

Elyannor s'arreta au milieu de sa phrase devant le regard qu'Akylia jetait sur elle.
Pour reprendre contenance, elle dit:

"Mais tu n'as pas répondu à ma question !!! Comment as-tu fais, pour le poignard?"

- Je m'entraine assez souvent, répondit Akylia laissant largement apparaître son mensonge.

Elle sourit. Elle avait vite comprit que la curiosité n'était pas un réelle défaut, mais que la seule qualité était de savoir se contenter d'une réponse fausse. Elle fixa alors la jeune fille, chacun avait une voie prête à l'accueillir, et la fille qui lui faisait face n'avait pas trouvé ENCORE trouvé la sienne.

- Mais rassure-toi, dessiner une flamme est un bon début, moi je n'arrives à faire apparaître que quelques braises qui s'éteignent le plus souvent au bout de 5 minutes.

Elyannor ne chercha pas à insister, bien qu'elle se jura de trouver réponse à cette question. La volonté d'Akylia de garder ceci secret était trop évidente.

-Très bien, dit-elle. Tu veux un bâtonnet de sifleur? C'est une horreur mais je n'ai rien d'autre... Et pour tout dire, je meurs de faim, je n'ai rien mangé hier.

Alors qu'elle farfouillait dans sa besace pour trouver un ou deux bâtonnets, elle ajouta:

-Je suis d'accord avec toi, dessiner une flamme est déjà un début, mais l'art du dessin ne représente pas grand chose pour moi... J'ai souvent essayé de m'enfoncer dans les spires: j'en suis incapable.

- Pourquoi, répondit joyeusement Akylia, je t'avoue que moi aussi je meurs de faim.

Elle observa la jeune fille, elle avait l'air un peu perdu, c'est vrai qu'elle savait pas trop ce qu'elle allait faire de sa vie, mais fallait pas qu'elle désespère !

- Eh, au fait, comment tu veux que je t'appelle, car franchement, comme nom, je trouve que " eh " c'est pas terrible, demanda Akylia d'une voix rieuse.

Elyannor tendit un batônnet à Akylia en réfléchissant. A sa connaissance, personne n'avait jamais voulu la nommer!

"Tu peux m'appeler Anonyme, même si c'est moche... De toute façon, vu que je n'ai pas de nom, ça m'est égal! Donne moi un nom que tu aimes, ce sera toujours mieux que... enfin bon, fais comme tu veux!"

Pour cacher son trouble, Elyannor farfouilla dans son sac au hasard. Elle tomba sur une pierre plate aux reflets irisés, et son coeur se serra. C'était un cadeau du seul "ami" qu'elle ait eu, un certain Miko.

Il était mort 7 ans plus tôt.

- Bon bah si tu veux, je t'appelle Anonyme.

Akylia la vit farfouiller dans son sac, sans rien chercher. Mais Akylia remarqua tout de même son trouble, et l'ombre qui apparut dans son regard lorsqu'elle sortit un truc bizarre de son sac .

- C'est quoi, interrogea Akylia.

"Oh rien... " commença -t-elle.

Mais elle en avait assez de tous les secrets, de tous les mensonges... Elle vivait dedans depuis son plus jeune âge, oppréssée, tailladée par un besoin de réponse...

"Enfin non, pas rien, même, pas rien du tout!!! C'est une pierre nommée Vindaley, une pierre qui appartenait à un jeune homme... Il s'appelait Miko. Il avait 3ans de plus que moi, et si je peux aujourd'hui faire tout ce que je fais, c'est en partie grâce à lui... Il était vraiment formidable ! Mais il est mort, d'une maladie inconnue et incurrable."

Elle se tourna vers Akylia et sourit. Elle se sentait mieux. Elle croqua dans son propre batônnet et grimaça: ce n'était décidemment pas son aliment favori!!!

Akylia hocha la tête.

- Merci de m'avoir dit la vérité, je suis désolé pour toi, ça a du être dur. Je t'ai trouvé un autre non, pace que Anonyme c'est pas un nom, et c'est vraiment moche ! Si t'es d'accord, je t'appelerais Siumi.

Elle croqua son batonnet, le gout salé et acide lui remplit toute la bouche. Dégoutant. C'était dégoutant. Vraiment trop dégoutant.

"Oui bien sûr, comme tu veux!"

Elyannor s'alongea dans l'herbe, les bras derrière la tête.

"Et toi? Qu'est-ce que tu fais dans la vie?"

Elle se retourna légèrement vers Akylia et avala le reste de son batônnet de siffleur.
*Toujours degùtant ce truc!*

- Moi, oh je fais rien de spécial, je me promène la plupart du temps, et toi ?

Elle planta son regard dans les yeux d'Elyannor, elle comprit très rapidement la réponse, mais fit mine d'attendre sa réponse. Elle mordit une nouvelle fois dans son batonnet.

* bbbbbbbbbbeeeeeeeeeeeeuuuuuuuuuuuuuuurrrrrrrrrrrrkkkkkkkkkkkkkkkkkkk *

Elyannor sourit et répondit, ses yeux sombres perdus dans la brume matinale, des mèches de cheveux noirs comme le jais virevoltant autour de son visage.

"Je vais, je viens... Comme une feuille soufflée par le vent ou un orage qui s'éloigne déjà, à peine entrevu."

Son sourire s'accentua, elle adressa un clin d'oeil à Akylia et elle ajouta:

"Comme la viande de siffleur dans un estomac dégoùté, aussi!"

Akylia afficha un grand sourire et se tourna vers la jeune fille, décidement elle lui plaisait bien !

- Et maintenant tu vas faire quoi ? Moi je pense que je vais rentrer à Al-Jeit, et toi ?

Akylia éspèrait que Siumi l'accompagne, elle aimait bien la solitude, mais ne refusait pas un peu de compagnie.

Elyannor réfléchit un instant. Akylia était de bonne compagnie, Elyannor n'avait pas de but précis et les imprévus avaient toujours été ce qu'elle préférait, autant dans la montagne de son enfance que sur les routes de Gwendalavir.
C'est sans plus hésiter qu'elle lui répondit:

"Moi aussi, je pense aller du côté de la capitale. Je pourrai me joindre à toi jusque là bas?"

Elyannor ajouta, se levant en s'étirant:

"On ne devrait pas tarder plus longtemps dans le coin: même si j'apprécie la beautée solitaire de ces plateaux, je ne doute pas que les créatures qui y vivent nous apprécieraient aussi!!!"

Akylia afficha un grand sourire, elle était ravie !

- Alors en route ! Au fait, est-ce que tu as un cheval ?

Akylia rassembla ses affaires, puis se leva et observa le paysage, comme si elle cherchait quelque chose.

"Non, fit Elyannor, et je peux te dire que mes jambes en ont souffert!!!"

Elle attrappa sa sacoche, pendue à une branche basse, et ajouta:

"Je ne te repropose pas de siffleur, j'imagine que tu en as déjà assez mangé pour le restant de tes jours!"

- Je crois bien que oui, mais en revanche je peux te prêter un cheval. Attends moi là !

Akylia regarda autour d'elle, cherchant quelque chose, puis s'arrêta, son regard pointé sur deux taches au milieu des buissons. Elle siffla un grand coup, et les deux chevaux arrivèrent dans sa direction.

Les chevaux étaient sublimes. Tout simplement sublimes. Il y en avait un gris clair, presque blanc, et un autre.
Elyannor s'en approcha, tendit sa main. Le cheval, une beauté baie aux yeux profonds et intelligent et aux muscles fins lui renifla la main.

"Comment s'appelle t-il?" murmura-t-elle, éblouie par la grâce sauvage qui se dégageait du cheval.